Le trouble bipolaire est une maladie psychiatrique complexe qui affecte profondément l’humeur et le quotidien. Entre épisodes maniaques et dépressifs, il bouleverse la vie des personnes touchées et de leur entourage. Une bonne compréhension des troubles bipolaires est essentielle pour mieux reconnaître les signes, adapter le traitement et favoriser une meilleure gestion des symptômes au quotidien.
Qu’est-ce que le trouble bipolaire ?
Le trouble bipolaire, anciennement maladie maniaco-dépressive, est un trouble de l’humeur. Il alterne entre des phases de manie ou d’hypomanie et des phases de dépression. Ces épisodes durent de quelques semaines à plusieurs mois selon les personnes. Ce trouble touche environ 1 % de la population en France, avec un risque élevé de suicide. Il débute souvent à l’adolescence ou chez l’adulte jeune.
Quels sont les symptômes du trouble bipolaire ?
On distingue deux grands types d’épisodes : maniaques et dépressifs.
Les épisodes maniaques
La phase maniaque se caractérise par une humeur exaltée ou irritable, une explosion d’énergie et une pensée accélérée. La personne peut se lancer dans des projets irréalistes, dépenser sans compter ou adopter une conduite sexuelle excessive. L’hypomanie est une forme atténuée, souvent perçue comme agréable et non détectée par la personne concernée.
Les épisodes dépressifs
Lors d’une phase dépressive, la personne souffre d’un profond sentiment de tristesse, d’apathie, de troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) et de modification de l’appétit. L’énergie est réduite, la concentration affectée, et des idées suicidaires peuvent apparaître. Ce type d’épisode peut durer plusieurs mois si aucun traitement n’est mis en place. Une alternance possible de symptômes maniaques et dépressifs sur une même période (épisode mixte) est également fréquente.
Comment diagnostique-t-on le trouble bipolaire ?
Le diagnostic s’appuie sur l’observation du parcours de la maladie pour examiner s’il se résume à des épisodes maniaques ou des épisodes dépressifs, ou mixtes. Il faut au moins une semaine d’état maniaque ou hypomaniaque, ou une hospitalisation, reposant sur des critères cliniques bien établis. Le bilan inclut la recherche des antécédents familiaux, des facteurs biologiques ou environnementaux.
Le psychiatre peut commettre l’erreur de poser initialement un diagnostic de dépression unipolaire, ce qui entraîne souvent un retard important. Les formes à cycle rapide (au moins quatre épisodes par an) sont repérées grâce à la durée et à la fréquence des phases. L’hypomanie étant parfois perçue comme « normale », le diagnostic peut être retardé.
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Quels traitements existent pour le trouble bipolaire ?
La prise en charge d’un trouble bipolaire peut se faire de deux différentes façons, ou conjointement : le traitement médicamenteux et/ou le soutien psychologique.
Traitement médicamenteux
Les thymorégulateurs, comme le lithium, sont la référence pour prévenir les phases maniaques et dépressives. Le lithium diminue le risque suicidaire et stabilise l’humeur, bien qu’il nécessite un suivi régulier à cause de sa toxicité potentielle. D’autres médicaments incluent les anticonvulsivants et antipsychotiques. En cas de cycle rapide, une adaptation des traitements peut être nécessaire. Parfois, l’électroconvulsivothérapie est utilisée en cas d’épisode sévère ou résistant.
Approches psychothérapeutiques
Les psychothérapies, telles que la thérapie cognitive-comportementale, la psychoéducation ou la thérapie interpersonnelle, visent la gestion des symptômes et la prévention des rechutes. Elles aident à reconnaître les signes avant-coureurs et à améliorer l’équilibre émotionnel, en complément des médicaments. Un accompagnement familial favorise un soutien aux personnes bipolaires et réduit la stigmatisation sociale.
Comment vivre avec une personne atteinte de trouble bipolaire ?
Le rôle des proches est déterminant. Être attentif aux changements d’humeur, encourager un suivi médical et adopter un mode de vie structuré (rythme de sommeil régulier, routine) est essentiel. Il est utile de s’informer sur le trouble bipolaire via des acteurs comme l’UNAFAM en France.
Le soutien quotidien via l’empathie, la communication avec une personne bipolaire et la participation à la thérapie de couple ou familiale renforcent l’entourage, tout en protégeant leur propre santé mentale.
Quelles erreurs éviter dans la communication avec une personne bipolaire ?
Des phrases blessantes ou culpabilisantes sont connues pour aggraver la souffrance des personnes bipolaires. Voici quelques exemples d’attitudes à proscrire :
- Remettre en doute la réalité de la maladie ou minimiser les symptômes ;
- Comparer sa souffrance à celle d’autrui ;
- Suggérer que penser positif suffit à aller mieux ;
- Stigmatiser la prise de médicaments ;
- Utiliser un langage moralisateur sur les épisodes maniaques ou dépressifs ;
- Trivialiser les émotions comme « tu dramatises » ;
- Faire comme si rien ne s’était passé ou feindre l’indifférence.
Ces propos peuvent intensifier la stigmatisation et isoler la personne.
Impact des troubles bipolaires sur la vie en couple
Les doubles phases affectent fortement la vie à deux. En phase maniaque, la relation peut être mise à rude épreuve à cause des comportements impulsifs. En phase dépressive, la distance émotionnelle et les difficultés de communication s’accentuent. Il faut donc développer des stratégies de soutien pour les proches : fixer des limites, planifier les tâches quotidiennes, anticiper les crises et débattre lors de moments plus calmes. L’éducation sur les troubles bipolaires et les séances en couple renforcent la cohésion et améliorent la prévention des rechutes bipolaires.
Conclusion
La compréhension du trouble bipolaire est essentielle : elle peut en effet aider à améliorer la gestion des symptômes, à favoriser un meilleur équilibre émotionnel et à limiter les rechutes chez la personne victime. Grâce à un traitement adapté, un soutien psychologique régulier et une communication bienveillante, il est possible de bien et mieux vivre avec la maladie. À noter que l’implication des proches et la lutte contre la stigmatisation sociale sont capitales dans le soutien qu’on apporte à la personne bipolaire au quotidien.